Retour sur la cérémonie donnant à l’école le nom Lucienne FABRE-SEBART
En présence de Monsieur le Sous-préfet, Mickaël CHEVRIER, Monsieur le directeur académique des services de l’éducation nationale,Jacky CREPIN, Monsieur le député, Maxime MINOT, Monsieur le conseiller départemental, Arnaud DUMONTIER, le Major PECQUERY, commandant la brigade de gendarmerie de Brenouille, les représentants de l’ANACR, les anciens enseignants.
La date de la cérémonie n’a pas été choisie au hasard:
– journée nationale de la résistance.
Il y a 76 ans jour pour jour – le 27 mai 1943 – au cœur de Paris encore occupée où flottait la bannière à croix gammée, les membres fondateurs du Conseil National de la Résistance se réunissent pour la première fois sous la présidence de Jean MOULIN au 48, rue du Four dans le 6ème arrondissement. Une telle réunion, à ce moment-là, au cœur d’une Capitale où l’occupant nazi faisait régner sa loi, relevait avant tout de l’héroïsme et constituait un vrai défi.
A l’occasion de cette journée nationale de la résistance, il nous faut rendre hommage à toutes les formes de résistance qu’ont connues notre pays sous le Régime de Vichy et lors de l’occupation. En effet, à côté des gens en arme, des courageux maquisards, il y eut aussi une désobéissance civile, une résistance, qui pour être passive, n’en fût pas moins efficace et déterminante pour la survie de certains, comme pour la victoire finale.
Notre France n’aurait pu voir le jour sans ces milliers de héros ordinaires dont les noms ne sont pas restés gravés dans la mémoire collective, pourtant ils sont morts pour la République. Ces personnes ont rendu sa grandeur à la France dans une ère hantée par le deuil. Sans leur sacrifice, que serait-il advenu de notre pays ?
S’engager dans la résistance c’était refuser la fatalité et continuer à combattre. Nombres d’entre eux étaient particulièrement jeunes.
Cette journée permet également de rappeler aux jeunes générations l’engagement des hommes et des femmes qui se sont levés contre l’occupant nazi.
– une femme
Lucienne FABRE-SEBART était originaire de Nogent sur Oise et a vécu à Angicourt de 1973 à 2018 (durant 45 années). Elle nous a quitté l’an dernier à l’âge de 98 ans.
Une femme discrète, au tempérament bien trempé, à la mémoire intacte.
A l’âge de 20 ans, elle lisait les tracts clandestins glissés dans les boites aux lettres et en particulier ceux issus des communistes. Et le 15 octobre 1940, elle prit une décision, celle d’aider ceux qui voulaient continuer à combattre. Et c’était parti pour ce nouvel engagement?! Les raisons de celui-ci étaient multiples?: l’injustice, la solidarité, le refus de se soumettre à cette dictature, son engagement politique.
Lucienne a été agent de liaison pour la Résistance. Elle organisera la résistance au sein des femmes dans notre région.
Différents prénoms ont fait partie de sa vie, et ont été l’espace de quelque temps, son identité, au gré des missions qu’elle a effectuées dans différents départements. Des missions périlleuses?: transports de papiers, parfois d’armes, de grenades ou de mitraillettes cachées sous la robe ou dans les sacoches de son vélo.
Cette femme a servi notre pays. Elle s’est battue au risque de sa propre vie pour la liberté du peuple français.
Puis à l’issue de la guerre, elle devint secrétaire et responsable des femmes au sein de l’association Nationale des Anciens Combattants et Résistants.
il y a deux ans, le 27 mai 2017, elle reçut des mains de Monsieur le Préfet, dans la salle communale, les insignes de la légion d’honneur. La reconnaissance par la nation de ces actes de bravoures fut enfin reconnue.
-Une mémoire
Si nous sommes des héritiers, ceux d’un passé, d’une histoire commune – dont la Résistance est un acte majeur – nous sommes toutes et tous, aussi, des « passeurs », ceux qui transmettent aux générations futures, le sens du combat des Résistants et les valeurs qui l’ont sous-tendu : le souci constant de la Justice, de la solidarité notamment entre les générations.
Et Lucienne était très attachée à partager son vécu. Elle a œuvré pour le devoir de mémoire en direction des plus jeunes. C’est ainsi qu’elle s’est rendue très régulièrement dans les établissements scolaires pour apporter son témoignage de ses cinq années de guerre, et transmettre une partie de sa vie à ces jeunes élèves. Qu’ils aient 8-9 ans, 12-13ans ou 16-17ans, chacun d’eux étaient à l’écoute dans un silence de cathédrale. Une centaine de jeunes ados de 16-17 ans, installés dans un amphithéâtre, le silence s’installait, une écoute attentive et les propos de Lucienne venaient imprimer leurs esprits.
Une heure ou deux d’intervention très dense et très intense pour ces élèves qui ont tous été marqués par cette femme, à la mémoire infaillible, intarissable sur les noms, les dates, les lieux et toujours d’une grande précision dans ses propos.
Elle était venue à deux reprises dans l’école d’Angicourt.
Le souvenir au service de la sagesse. Se souvenir pour que l’Homme ne s’égare plus sur les chemins de la barbarie… Et c’est une difficile réponse à la question que l’Humanité aurait souhaité ne jamais se poser?: «?Jusqu’où l’Homme peut-il perdre l’âme???». Mais on peut aussi parfois la formuler dans le contexte de l’actualité?: «?Jusqu’où l’Homme peut-il perdre la mémoire???».
Le souvenir au service de la jeunesse. le souvenir s’éloigne à mesure que les témoins se font plus rares
L’école ne portait pas de nom
Aussi, le conseil municipal a décidé de lui donner un nom, celui de Lucienne FABRE-SEBART. Comme cela a pu être fait à Monchy St Eloi, pour le nom donné à une rue, ou au collège de CHANTILLY pour celui d’une salle.
Dorénavant, cette mémoire, restera gravée sur cette plaque, marquant ainsi d’une encre indélébile le souvenir de Lucienne FABRE-SEBART et au travers elle, celui de tous celles et ceux qui se sont battus pour défendre cette liberté que nous connaissons aujourd’hui.